J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette

jeudi 6 septembre 2012

Sortir de sa minorité

"Les Lumières, écrivait Kant dans Qu’est-ce que les Lumières?, c’est pour l’homme sortir d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. La minorité, c’est l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d’un autre." Pour voir la lumière au bout du tunnel, la nouvelle première ministre du Québec aura besoin de s’arracher à l’état de minorité dans lequel les élections viennent de les plonger, elle et son parti. État que l’on peut imputer, pour une large part, à l’incapacité de l’une et de l’autre à définir un projet de société capable de rallier une majorité d’électeurs québécois. "La paresse et la lâcheté, ajoutait Kant, sont causes qu’une si grande partie des hommes affranchis depuis longtemps par la nature de toute tutelle étrangère, se plaisent cependant à rester leur vie durant des mineurs […]". Si Mme Marois et les péquistes espèrent voir le PQ s’affranchir de la tutelle des autres partis, s’ils veulent qu’il répande l’esprit du pays et incarne un nouvel idéal collectif, alors ils devront secouer leur torpeur, recommencer à penser "de leur propre chef" et retrouver le sens de l’audace. Sinon, comme nous prévient Kant, cette minorité pourrait bien devenir une seconde nature. Julien Goyette

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