"Les
Lumières, écrivait Kant dans Qu’est-ce que les Lumières?, c’est
pour l’homme sortir d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. La minorité,
c’est l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d’un
autre." Pour voir la lumière au bout du tunnel, la nouvelle première
ministre du Québec aura besoin de s’arracher à l’état de minorité dans lequel
les élections viennent de les plonger, elle et son parti. État que l’on peut
imputer, pour une large part, à l’incapacité de l’une et de l’autre à définir
un projet de société capable de rallier une majorité d’électeurs québécois. "La
paresse et la lâcheté, ajoutait Kant, sont causes qu’une si grande partie des
hommes affranchis depuis longtemps par la nature de toute tutelle étrangère, se
plaisent cependant à rester leur vie durant des mineurs […]". Si Mme
Marois et les péquistes espèrent voir le PQ s’affranchir de la tutelle des
autres partis, s’ils veulent qu’il répande l’esprit du pays et incarne un
nouvel idéal collectif, alors ils devront secouer leur torpeur, recommencer à
penser "de leur propre chef" et retrouver le sens de l’audace.
Sinon, comme nous prévient Kant, cette minorité pourrait bien devenir une
seconde nature. Julien Goyette
Des professeures et professeurs de l'Université du Québec à Rimouski partagent leurs découvertes, leurs analyses, leurs créations et leurs opinions sur différents enjeux de société dans des billets qui comptent 1000 caractères.
J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire