J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette
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dimanche 2 septembre 2012

Citoyen solidaire cherche pays pour relation stable

S’il est une impression que nous sommes nombreux à avoir éprouvée ces dernières années, c’est bien celle d’être devenus étrangers en notre propre pays. Quel vertige que de ne plus se reconnaitre dans ses vieux meubles, d’être en exil chez soi. Devant le spectacle de la montée de la droite, du "mystère" de la ville de Québec, nous sommes plusieurs à avoir perdu le Nord. Où est passé mon Québec, mon Canada, demandons-nous? Les murs de la tour d’ivoire sont-ils si épais que nous n’avons pas entendu la rumeur qui dit que le monde a changé? Ou est-ce que dans un réflexe naturel, mais qu’il nous faudrait pourtant réprimer, nous avons essentialisé une représentation de nous-mêmes: la sociale démocratie, la Révolution tranquille, les Casques bleus, etc.? "Nous autres, civilisations, écrivait Valéry au lendemain de la Grande Guerre, nous savons maintenant que nous sommes mortelles." L’Histoire nous a joué un de ses sales tours; elle nous a dépouillés d’une définition de ce que nous sommes – de ce que nous pensions être ou de que nous espérions devenir – qui nous allait comme une seconde peau. À partir des lambeaux de celle-ci, il faudra pourtant se refaire un nouveau visage. Julien Goyette