Au-delà des actions et des paroles inquiétantes de la constable 728, il y a cette impression de banalité que l’on devine chez son
supérieur à qui elle fait rapport. Il est donc permis chez les policiers de
Montréal de présenter des faits en ponctuant son discours de préjugés: "toute les rats qui étaient en haut dans… les gratteux de guitares,
c’toute des osties de carrés rouges là, toute des artistes, astie de, de, en
tout cas, des mangeux de marde". Des arguments suffisants pour frapper et
coffrer les gens, encore qu’il faille trouver un motif qui convaincra un juge. Une "plateaunicienne du nowhere" filme la scène? On va la
mettre en accusation pour entrave! Profilage et violence chez la police? Mais
non répondent en cœur dans la langue de bois habituelle les Ian Lafrenière de
ce monde. Impossible! Des policiers protègent leurs collègues violents, des
politiciens couvrent leurs collègues corrompus, des conseillers municipaux endossent
les propos racistes de leur maire (là là)… Est-ce cette forme de solidarité que l’on
souhaite pour le Québec? Jean Bernatchez
Des professeures et professeurs de l'Université du Québec à Rimouski partagent leurs découvertes, leurs analyses, leurs créations et leurs opinions sur différents enjeux de société dans des billets qui comptent 1000 caractères.
J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette
Affichage des articles dont le libellé est Jean Bernatchez. Afficher tous les articles
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jeudi 11 octobre 2012
lundi 8 octobre 2012
Une première allocution inspirante
Lorsqu’il a obtenu le poste de premier scientifique en chef en 2011, Rémi Quirion a réservé sa première apparition à une tribune publique à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En substance, ses propos reflétaient la politique (néo)libérale de laquelle il se faisait porteur, orientée vers la privatisation de savoir et son utilisation aux fins d’augmenter la compétitivité économique du Québec dans le marché mondial. La première allocution publique du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, est d’une autre mouture. C’est aux gens présents lors d’un gala de l’ACFAS que s’adresse Pierre Duchesne en octobre 2012, "une organisation qui valorise le dialogue entre la science et la société. C’est une approche généreuse et ouverte que je fais mienne. Le savoir est un bien commun qui doit contribuer au bien-être de l’humanité, sans exclusion" affirme-t-il. Il rappelle que la recherche, la science et la technologie ne sont plus maintenant sous la responsabilité d’un ministère à vocation économique, "un message que notre gouvernement porte avec fierté". Il nous promet une nouvelle politique scientifique pour le printemps. Jean Bernatchez
mercredi 3 octobre 2012
La science au service des entreprises
La revue Découvrir publie ce mois-ci un de mes textes déjà paru en 2011: La science au service de l’entreprise. Il s’inscrit dans le contexte du dossier de l’ACFAS sur la révision de la politique scientifique québécoise. Il est toujours d’actualité, considérant la perspective historique qui s’en dégage. Toutefois, l’élection d’un gouvernement péquiste est susceptible d’amener certains changements qui peuvent marquer une rupture sur le plan de l’évolution de la politique scientifique. Le texte fait mention de manière trop téméraire qu’en l’état actuel, et considérant les intérêts et les valeurs qui inspirent les partis politiques, un gouvernement péquiste ne proposerait pas une stratégie franchement différente de celles mises de l’avant par le gouvernement libéral. Or, nous savons maintenant que ce n’est plus un ministère à vocation économique qui sera responsable de la politique scientifique, mais un ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Ce signal débouchera sur des actions visant à dissocier quelque peu la politique de ses cibles plus essentiellement économiques. Dans la perspective du développement d’une science québécoise au service du bien commun (plutôt qu’au service des entreprises), il s’agit là d’une bonne nouvelle. Jean Bernatchez
mardi 25 septembre 2012
Après le printemps
Pierre-Luc Brisson propose dans Après le printemps
une analyse sociocritique de la crise qui secoue le Québec au printemps 2012.
Son essai est surtout intéressant parce qu’il présente le point de vue d’un
jeune de 24 ans, étudiant en histoire ancienne à l’Université de Montréal.
Brisson est certes sympathisant de ceux et celles qui occupent la rue, mais il demeure néanmoins en mesure de prendre du recul par rapport à la situation. Il
est d’ailleurs très peu question de frais de scolarité dans ce livre. L’auteur
insiste plutôt sur la nécessité de réformer le système démocratique, de
moraliser la politique et de repenser notre modèle d’université. Il n’y a rien de honteux, croit-il, à souhaiter que notre vie collective s’inscrive à
l’enseigne de la solidarité et de la redistribution des richesses. Il propose
un dialogue social, au terme d’un régime qui a fait de la confrontation un
principe de gouvernance. Paradoxe: "ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui
défendent les réalisations politiques passées, qui défendent ce modèle
québécois qui est mis à mal par ceux-là mêmes auxquels il a le plus profité"
(pp. 84-85). Brisson livre un plaidoyer caractérisé par une forme d’idéalisme
pragmatique. À lire. Source de la photo. Jean Bernatchez
samedi 22 septembre 2012
Deux choses sont infinies
"Deux choses sont infinies: l'univers et la bêtise humaine, mais pour l'univers, je n'en ai pas acquis la certitude absolue" aurait affirmé Einstein. L’actualité fournit trois exemples qui confirment l’hypothèse sur le caractère infini de la bêtise humaine. Il y a d’abord cette photo qui parle d’elle-même. Enlever la pelure des bananes, les coucher sur une barquette de styromousse et les envelopper dans une pellicule plastique. Belle stratégie de mise en marché! Il y a ensuite cette légende urbaine qui circule sur Internet depuis plus d’un an. Elle concerne la ville de Rimouski et un illustre collègue chercheur de réputation internationale qui s’est dévoué au développement de son champ de recherche, de son université et de sa région. La ville de Rimouski a publié un communiqué pour faire le point sur cette infamie. Il y a enfin ce chic type de l’armée canadienne. Il a publié ceci sur FaceBook lors des manifestations étudiantes et il n’a pas été inquiété par son employeur jusqu'à maintenant: "Only the strong survive, les petits communistes trop fifi, vous manifestez, bin assumez. Il faudrait un système national-socialiste [pour envoyer] au camp de concentration les faibles" (source). Le monde est fou, c’est ce qu’on en dit, mon chum pis moué… (Beau Dommage). Source de la photo. Jean Bernatchez
jeudi 20 septembre 2012
Vive le MESRST !
Comme professeur et cofondateur de l’Association science et bien commun, je me réjouis de la création d’un ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MESRST) et du fait qu’il soit dirigé par Pierre Duchesne. Il y a tellement d’enjeux particuliers à l’enseignement supérieur (réseaux universitaire et collégial) qu’il est tout à fait justifié qu’un ministère distinct de celui de l’Éducation lui soit consacré. Et je me réjouis aussi du fait qu’un Sommet sur l’enseignement supérieur soit organisé prochainement. Je craignais que l’on veuille réduire la question à l’aspect du financement. Le Sommet pourrait être l’occasion de prendre en compte la parole citoyenne, et pas seulement celle des lobbies (incluant celui des professeurs d’université!). Mais la bonne nouvelle est surtout à l’effet que les enjeux liés à la recherche, à la science et à la technologie ne soient plus sous la tutelle d’un ministère à vocation économique (Développement économique, Innovation et Exportation) et du ministre Sam Hamad. Jamais on n’avait vu pareille dérive marchande de l’institution de la recherche scientifique au Québec. Espoir, donc, mais vigilance, aussi, afin que les bottines suivent les babines. Source de la photo. Jean Bernatchez
jeudi 13 septembre 2012
Une simulation électorale avec des jeunes de 16 ans
Mon fils est enseignant stagiaire en secondaire 5 dans le cours "Monde contemporain". Il a commandé cet été au Directeur général des élections le matériel nécessaire pour organiser des élections en classe. Il a présenté le programme des cinq principaux partis québécois aux élèves de ses cinq groupes (n = 96), mais dans une forme banalisée. Le nom des partis était remplacé par un nom de fauve (parti Lion, parti Panthère, etc.). Les mieux informés pouvaient sans doute associer le programme avec le vrai parti. Les programmes étaient présentés en retenant pour chacun cinq grands principes (ou promesses). L'ordre de présentation des programmes variait selon les groupes. Les élèves étaient ensuite invités à voter. Tout cela se déroulait en 70 minutes. Deux élections ont eu lieu avant le jour du vrai scrutin, et trois après. Les résultats du vote sont présentés dans le tableau. On observe que les jeunes ont choisi la CAQ dans une proportion de 28,1%. La population du comté où s'est déroulée l'expérience a aussi élu un député caquiste. L'option souverainiste rejoint 51,1% des jeunes, mais le "libéral-conservatisme" a la cote puisque le cumul des voix accordés à la CAQ et au PLQ totalise 48,9% des votes exprimés. Jean Bernatchez
Qui se paiera Jean Charest ?
Jean Charest vient à peine de quitter son poste de chef du
gouvernement que déjà les rumeurs l’envoient travailler à gauche comme à droite
(mais plutôt à droite). Il a à son curriculum vitae trois ans de pratique du
droit criminel puis 28 ans de politique active, comme député, ministre, chef du
parti progressiste-conservateur canadien, chef du parti libéral du Québec, chef
de l’Opposition officielle et premier ministre du Québec pendant neuf ans. Même
si le marché est déprimé et en contraction, son expérience (disons plutôt ses
contacts!) commande un salaire annuel estimé entre 1,5 et 2,0 millions $, plus
encore s’il siège à des conseils d’administration. Des options possibles:
avocat chez Davies, Stikeman et Fasken (une des rares firmes d’avocats
qui offrent des salaires si élevés), dans une banque canadienne ou encore chez Bombardier
qui lui confierait des mandats internationaux de développement des affaires. Il
n’irait pas chez Powers Corporation, même si les portes lui sont toutes grandes
ouvertes. Je parie sur le fait qu’il se
retrouvera dans le sud de la France, oeuvrant pour une entreprise privée
d’envergure et occupé à élever son indice relatif de bonheur. Sources: René
Lewandowski et Gilles
des Roberts. Source de la photo. Jean Bernatchez
lundi 10 septembre 2012
Un pape mexicain
mercredi 5 septembre 2012
Engagé, mais sceptique; politisé, mais distant
La seule fois où j’ai gagné mes élections, c’était en
novembre 1976. J’avais 18 ans, une vie devant moi et l’impression que tout
devenait possible. La crise économique qui sévissait lors des élections de 1981
a contribué à alimenter mon cynisme: "de toute évidence, ils sont tous pareils!"
La politique me passionne aujourd’hui, mais comme gérant d’estrade. Engagé,
mais sceptique. Politisé, mais distant. Mon souhait pour les élections d’hier:
un gouvernement minoritaire péquiste avec 61 députés et la balance du pouvoir
aux deux candidats solidaires. Les résultats: une quasi-égalité entre trois
partis quant aux suffrages exprimés. Deux partis sont nettement campés à
droite. Une mince longueur d’avance pour le Parti Québécois lui offre l’occasion
de former un gouvernement (de transition). Malgré un bilan politique désastreux, le Parti
Libéral conserve des bases solides. La Coalition opportuniste est bien
positionnée pour rebondir à la première occasion (qu’elle forcera). Un gain
toutefois, et pas le moindre: une femme première ministre. Mais une perte aussi,
substantielle: un Kalachnikov AK-47 s’est invité dans la lutte. (source de la photo) Jean Bernatchez
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