J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette

vendredi 23 novembre 2012

Des logiciels libres au Cégep de Rimouski

Une petite révolution au Cégep de Rimouski. D'ici avril 2014, la  suite Office de Microsoft sera remplacée par la suite LibreOffice. Comme son nom l'indique, c'est une suite libre, gratuite, développée par un réseau de contributeurs. Elle inclut des logiciels comparables à Word, Excel, PowerPoint, etc. et les fichiers sont transférables, sauf rares exceptions. Le Cégep n'aura donc pas à débourser près de 100,000$ pour renouveler sa licence Microsoft. Mais au delà de l'argent, une question, celle de  la conception de la science: un savoir partagé, un bien commun ou des marchandises augmentant les bénéfices de compagnies privées? Le Cégep se situe dans ce  mouvement voulant rendre accessible à tous des outils informatiques maintenant indispensables. Souhaitons que son exemple soit suivi et que nous soyons libérés du monopole de Microsoft! Cette suite est accessible ici. Philippe Etchecopar pour Initiative Science citoyenne

lundi 12 novembre 2012

Carré rouge

J’ai acheté et lu (ou regardé) avec un bonheur serti de consternation le livre de Jacques Nadeau, intitulé tout simplement «Carré rouge». Photographe au Devoir, il nous livre une centaine de photos parmi les milliers prises au cours du récent conflit étudiant. Ce photographe au sommet de son art n’hésite manifestement pas à mettre sa sécurité en péril pour nous livrer une vue saisissante des récents évènements qui ont déchiré le Québec. Agrémentées de témoignages de citoyens ou de personnalités publiques, ces photos font parfois sourire, d’autre fois grincer des dents. Bien sûr, ce témoignage en image n’est pas neutre. Il montre néanmoins la détermination et l’engagement des jeunes que l’ont croyait à tort apathiques ou trop concentrés sur l’écran de leur cellulaire! Ce portrait assez cru saura, je l’espère, être porteur de leçons pour tous les politiciens. L’exercice du pouvoir est bien délicat. Comment justifier de telles violences? C’est sans doute une preuve que l’entêtement d’un politicien peut mener à des dérapages dont nous voyons habituellement les images dans la section «internationale» des journaux ou des bulletins de nouvelles. Pas dans nos rues… Source de la photo. Frédéric Deschenaux

jeudi 11 octobre 2012

Au-delà de la constable 728

Au-delà des actions et des paroles inquiétantes de la constable 728, il y a cette impression de banalité que l’on devine chez son supérieur à qui elle fait rapport. Il est donc permis chez les policiers de Montréal de présenter des faits en ponctuant son discours de préjugés: "toute les rats qui étaient en haut dans… les gratteux de guitares, c’toute des osties de carrés rouges là, toute des artistes, astie de, de, en tout cas, des mangeux de marde". Des arguments suffisants pour frapper et coffrer les gens, encore qu’il faille trouver un motif qui convaincra un juge. Une "plateaunicienne du nowhere" filme la scène? On va la mettre en accusation pour entrave! Profilage et violence chez la police? Mais non répondent en cœur dans la langue de bois habituelle les Ian Lafrenière de ce monde. Impossible! Des policiers protègent leurs collègues violents, des politiciens couvrent leurs collègues corrompus, des conseillers municipaux endossent les propos racistes de leur maire (là là)… Est-ce cette forme de solidarité que l’on souhaite pour le Québec? Jean Bernatchez

lundi 8 octobre 2012

Une première allocution inspirante

Lorsqu’il a obtenu le poste de premier scientifique en chef en 2011, Rémi Quirion a réservé sa première apparition à une tribune publique à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En substance, ses propos reflétaient la politique (néo)libérale de laquelle il se faisait porteur, orientée vers la privatisation de savoir et son utilisation aux fins d’augmenter la compétitivité économique du Québec dans le marché mondial. La première allocution publique du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, est d’une autre mouture. C’est aux gens présents lors d’un gala de l’ACFAS que s’adresse Pierre Duchesne en octobre 2012, "une organisation qui valorise le dialogue entre la science et la société. C’est une approche généreuse et ouverte que je fais mienne. Le savoir est un bien commun qui doit contribuer au bien-être de l’humanité, sans exclusion" affirme-t-il. Il rappelle que la recherche, la science et la technologie ne sont plus maintenant sous la responsabilité d’un ministère à vocation économique, "un message que notre gouvernement porte avec fierté". Il nous promet une nouvelle politique scientifique pour le printemps. Jean Bernatchez

mercredi 3 octobre 2012

La science au service des entreprises


La revue Découvrir publie ce mois-ci un de mes textes déjà paru en 2011: La science au service de l’entreprise. Il s’inscrit dans le contexte du dossier de l’ACFAS sur la révision de la politique scientifique québécoise. Il est toujours d’actualité, considérant la perspective historique qui s’en dégage. Toutefois, l’élection d’un gouvernement péquiste est susceptible d’amener certains changements qui peuvent marquer une rupture sur le plan de l’évolution de la politique scientifique. Le texte fait mention de manière trop téméraire qu’en l’état actuel, et considérant les intérêts et les valeurs qui inspirent les partis politiques, un gouvernement péquiste ne proposerait pas une stratégie franchement différente de celles mises de l’avant par le gouvernement libéral. Or, nous savons maintenant que ce n’est plus un ministère à vocation économique qui sera responsable de la politique scientifique, mais un ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Ce signal débouchera sur des actions visant à dissocier quelque peu la politique de ses cibles plus essentiellement économiques. Dans la perspective du développement d’une science québécoise au service du bien commun (plutôt qu’au service des entreprises), il s’agit là d’une bonne nouvelle. Jean Bernatchez

mercredi 26 septembre 2012

La survie du MELS


La récente élection d’un nouveau gouvernement a conduit la première ministre (j’aime écrire ça au féminin!) et son équipe à composer son conseil des ministres et partant, à décider du nom des ministères. J’ai constaté avec bonheur la création d’un nouveau ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Contrairement à son homologue fédéral, je ne crois pas que Pierre Duchesne soit créationniste! Toutefois, j’ai été bien déçu de constater que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport ait survécu à la refonte du cabinet Marois. J’aurais bien aimé qu’on en profite pour créer un ministère de l’Éducation, tout court. Il me semble que le champ de l’éducation est assez large pour mériter son propre ministère. Pourquoi ne pas confier les Loisirs et les Sports au ministre du Tourisme? Pourquoi ne pas copier la France avec son ministère de l’Éducation nationale, qui me semblerait logique pour un gouvernement souverainiste? Est-ce pour ne pas dépenser inutilement dans un changement de nom possiblement éphémère en cas de reprise rapide du pouvoir par les Libéraux? Source de l'image. Frédéric Deschenaux

mardi 25 septembre 2012

Après le printemps

Pierre-Luc Brisson propose dans Après le printemps une analyse sociocritique de la crise qui secoue le Québec au printemps 2012. Son essai est surtout intéressant parce qu’il présente le point de vue d’un jeune de 24 ans, étudiant en histoire ancienne à l’Université de Montréal. Brisson est certes sympathisant de ceux et celles qui occupent la rue, mais il demeure néanmoins en mesure de prendre du recul par rapport à la situation. Il est d’ailleurs très peu question de frais de scolarité dans ce livre. L’auteur insiste plutôt sur la nécessité de réformer le système démocratique, de moraliser la politique et de repenser notre modèle d’université. Il n’y a rien de honteux, croit-il, à souhaiter que notre vie collective s’inscrive à l’enseigne de la solidarité et de la redistribution des richesses. Il propose un dialogue social, au terme d’un régime qui a fait de la confrontation un principe de gouvernance. Paradoxe: "ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui défendent les réalisations politiques passées, qui défendent ce modèle québécois qui est mis à mal par ceux-là mêmes auxquels il a le plus profité" (pp. 84-85). Brisson livre un plaidoyer caractérisé par une forme d’idéalisme pragmatique. À lire. Source de la photo. Jean Bernatchez