J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette

samedi 8 septembre 2012

Mais à quoi peut bien servir la littérature ?

 
"L’entêtement sans l’intelligence, c’est la sottise soudée au bout de la bêtise et lui servant de rallonge. Cela va loin. En général, quand une catastrophe privée ou publique s’est écroulée sur nous, si nous examinons, d’après les décombres qui en gisent à terre, de quelle façon elle s’est échafaudée, nous trouvons presque toujours qu’elle a été aveuglément construite par un homme médiocre et obstiné qui avait foi en lui et qui s’admirait. Il y a par le monde beaucoup de ces petites fatalités têtues qui se croient des providences." C’est raide, hein? Ça ne vous fait pas penser à quelque chose, ou quelqu’un, même quelques-uns? Moi si. C’est de Victor Hugo, tiré de l’édition de Claude Gueux dont un spécimen gratuit a été déposé cet été dans mon casier par un distributeur bienveillant, je présume. Je le confesse, j’ai lu en fin de semaine, au lieu de préparer mes cours. Ça fait un bien fou, des mots qui veulent dire quelque chose. Photo originale: Catherine Broué, 2011, "Le jardin de la connaissance", Jardins de Métis. Catherine Broué

1 commentaire:

Jean Bernatchez a dit…

On peut lire le texte et écouter la narration de Claude Gueux (1h15) sur ce site: http://www.audiocite.net/livres-audio-gratuits-romans/victor-hugo-claude-gueux.html