J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Si une image vaut 1000 mots, alors une idée doit bien valoir 1000 caractères. Mais ai-je suffisamment de caractères pour avoir des idées? Ai-je même assez d’idées pour qu’on souligne mon caractère? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Saurais-je être l’intellectuel synthétique que la société des réseaux sociaux s’attend que je sois? Me laisserais-je prendre de profil sur Facebook? Fera-t-on de moi le tweet de service? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. La pensée critique peut-elle s’accommoder d’un tel manque de caractères? J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. C’est trop peu et en même temps beaucoup trop. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Zut, je viens d’en échapper une poignée de plus. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je les ai sur le bout de la langue. J’ai 1000 caractères pour dire quelque chose. Je n’en ai plus un seul. Dites, vous n’en auriez pas de trop? J’aurais quelque chose à dire. Julien Goyette

mercredi 29 août 2012

L'art d'ignorer les pauvres


Cet essai de John Kenneth Galbraith, économiste keynésien de gauche, est publié dans la collection Prendre parti du Monde diplomatique. Au moment où le parti conservateur du Québec produit l’affiche abjecte que l’on retrouve ici, il est pertinent plus que jamais de s’interroger sur ce rapport qu’entretient le pouvoir avec les pauvres. Galbraith explore l’argumentaire des puissants au travers leurs références à la bible, au darwinisme social et au sacro-saint principe de la liberté individuelle. "Les limitations qu’impose la fiscalité à la liberté des riches sont néanmoins bien peu de choses en regard du surcroît de liberté apporté aux pauvres quand on leur fournit un revenu" (p. 30). Un essai courageux, écrit en 1985 au temps du reaganisme. En prime dans le volume, un essai percutant de Jonathan Swift, «Du bon usage du cannibalisme». Âmes sensibles, s’abstenir. Les images évoquées dans ce texte de 1729 sont d’une telle intensité qu’elles ne peuvent nous laisser insensibles à la misère vécue alors, et ici, maintenant. Jean Bernatchez

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